Ziphius cavirostris (Cuvier, 1823)

– Avec une note sur l’écologie de l’espèce en Méditerranée –

Ziphius adulte
Un ziphius adulte femelle

Odontocète de 6 à 7 mètres de long.

  • Pigmentation : gris moyen pouvant paraître marron, avec une tache claire à blanche, de la tête à l’aileron chez les individus âgés, et des rayures rectilignes.
  • Tête : pourvue d’un rostre visible, melon distinct ; mâchoire inférieure proéminente et recourbée ; chez le mâle, 2 dents émergent de la bouche à l’extrémité du bec.
  • Aileron dorsal : postérieur, assez triangulaire et de dimension moyenne ou faible; les pectorales sont très petites.
  • Cycle sonde/surface : comporte en général des sondes de 15 à 80 min, et des périodes de 2 à 10 min à la surface ; n’expose pas sa nageoire caudale en sondant, courbe le dos.
  • Rencontré plutôt en petits groupes (1 à 4 individus).
  • Habitat : talus ou large.
  • Activité diurne : chasse et traque ; repos.
  • Réponse au bateau : indifférence ; parfois curieux.
  • Confusion possible : avec d’autres « baleines à becs » dont les mésoplodons.
  • Méditerranée: assez commun.
  • Atlantique nord-est: commun.
  • Régions outre-mer: commun.

Biologie et écologie en Méditerranée

Le ziphius fait partie des huit espèces communes en mer Méditerranée.

Ziphius grec
Une telle vision de couleurs gris-verdâtre-noir signale un ziphius, en Méditerranée

La baleine à bec de Cuvier, ou Ziphius, est un odontocète d’assez grande taille, le mâle et la femelle atteignant un poids de 2 à 3 tonnes ; la femelle est un peu plus forte que le mâle. Il fréquente les eaux tempérées et chaudes de tous les océans et l’ensemble de la Méditerranée (mer Noire exclue), sans que l’on puisse actuellement préciser s’il est plus fréquent dans un des bassins.

Ziphius-dents grec
Les deux dents au bout de la mandibule inférieure signalent un Ziphius mâle

Par très beau temps il est facile de voir des ziphius mais seulement dans des zones particulières, en Méditerranée. On pense qu’il est assez fidèle à ces sites de prédilection.

Ziphius grec
En début de soirée, un groupe agité approche du voilier

Les échouages ont été fréquents en Grèce, récemment, et traduisent une forte mortalité dans l’est de la Méditerranée. On sait qu’il se rencontre souvent en petits groupes (1 à 5 individus) et dans les eaux profondes du talus. Le ziphius est observé rarement mais on commence à connaître son comportement de sondes très profondes (plus d’une heure à 1500m) et son écologie : il se nourrit surtout de calmars.

Calmar grec
Les restes d’une proie de Ziphius : il a mangé principalement le manteau

Le régime alimentaire est réputé presque exclusivement teuthophage avec en complément quelques poissons bathypélagiques. Les contenus stomacaux analysés montraient la prédominance de calmars de la famille des histioteuthidés. Comme toutes les « baleines à becs », et à l’instar du cachalot, le ziphius chasse de jour comme de nuit.

Ziphius-tete
On comprend sur cette image le surnom « baleine à bec d’oie »

Les échouages répertoriés semblent indiquer des naissances au printemps, on voit des femelles accompagnées de nourrissons de juin à août. L’allaitement dure certainement longtemps : l’exemple d’une femelle échouée vivante avec un juvénile (mort) de 3,30 mètres de long atteste d’une association prolongée entre mère et jeune.

Ziphius-maman bébé
Une femelle accompagnée de son jeune (mer Tyrrhénienne)

La vie sociale du ziphius est encore peu connue, mais on observe couramment des séances d’interactions dans des groupes de 3 à 8 individus, par exemple en fin d’après-midi. Au cours de ces périodes, il n’est pas inhabituel de voir des poursuites et même des sauts.
En Méditerranée occidentale, il semble possible de rencontrer des groupes mixtes ziphius – mésoplodon de Sowerby, sans que l’on sache pour l’instant si cette association est réellement exceptionnelle ou simplement rare.

Ziphius-sowerby-saut grec
Interactions sociales au sein d’un groupe de Ziphius… l’individu qui saute est pourtant un Mésoplodon de Sowerby !

Ce sont surtout les mâles qui portent beaucoup de cicatrices, et il est à peu près certain qu’ils se bagarrent entre eux à certaines périodes de l’année, sûrement pour avoir accès aux femelles.

Ziphius-aileron grec
Ce ziphius, probablement âgé, porte les traces de nombreux accrochages

La principale menace qui pèse sur cette espèce en Méditerranée est la détérioration de l’environnement acoustique sous-marin. Il est maintenant établi que le ziphius peut être victime de sonars, lorsque ceux-ci sont puissants et dans une gamme de fréquence fatale.

Copyright Groupe de Recherche sur les Cétacés. Reproduction publique interdite.

Le Groupe de Recherche sur les Cétacés a une expérience particulièrement rare sur cette espèce. De nombreuses informations et résultats originaux sont donc disponibles dans cette monographie :

Apports de deux méthodes complémentaires pour l’évaluation d’une population de cétacés : l’exemple du Ziphius (Ziphius cavirostris) au nord de la mer Tyrrhénienne