Voir ‘1992 : Enfin des dauphins communs’…
Une perspective plus large sur dauphins, cachalots, rorquals
Durant cette période de ‘l’enfance’ du Groupe de Recherche sur les Cétacés, 1993 est l’année où nous réalisons les prospections les plus longues, avec un total de 2109 milles nautiques couverts dans des conditions d’observation bonnes ou moyennes.
Au cours de ces 49 journées de mer, nous obtenons les observations de 182 groupes de cétacés, dont un cachalot et un groupe de globicéphales ; les 180 autres données se répartissant entre 4 espèces, dont 132 observations de dauphins bleus et blancs !
Notre principal soutien sera cette année Stéphane, qui fera une bonne partie de l’été à bord de la petite Anacaona, sur laquelle on trouve aussi… les petits Jean et Adrien… en plus évidemment des piliers de la manip, Odile et Alexandre.
Par rapport aux deux années précédentes, nous décidons de prendre un peu de champ en ouvrant notre perspective vers le Sud, la Corse nous servant de point d’appui, et vers l’Ouest, jusqu’aux côtes catalanes, Banyuls et Port Vendres.
Lorsque Stéphane embarque, en bon passionné de faune marine, il fait un pari : celui de se raser les cheveux -qu’il a abondants- s’il voit une baleine. Bien entendu, la journée en mer Ligure ne se passe pas sans plusieurs belles observations de rorqual commun…
Notre descente plein sud se traduit par une belle série d’observations, bien régulière, et une météo magnifique. C’est le mois de juillet, la chaleur n’est pas trop lourde.
Le talus de l’Ouest Corse, maintenant assez connu, ne nous réserve pas de surprise particulière. Quelques journées perdues à Ajaccio en attendant que le Libeccio se calme.
Dès le 20 juillet apparaissent les nouveau-nés de Stenella, qui après quelques jours nagent déjà assez adroitement, collés à leur mère. Ils font moins d’un mètre et ne sont pas trapus.
Lors de notre descente vers le sud, nous avons l’occasion d’observer de près deux bébés de grampus dans un groupe qui évolue au large: c’est la première fois qu’on les voit bien, car ils viennent à l’étrave.
Après avoir reconnu également la mer Ligure centrale, nous revenons à Antibes avant de préparer notre escapade vers le golfe du Lion, au début d’août.
En allant vers l’Ouest, nous découvrons le golfe du Lion côté large, avec pas mal de baleines et également plusieurs groupes de dauphins de Risso. C’est toujours passionnant pour des naturalistes de prospecter un nouveau secteur.
Au cours de ce périple assez long, quatre degrés de longitude et quelques, nous avons l’occasion de bien observer les parades d’accouplement dans les groupes de dauphins Stenella. Les dauphins ont un comportement remarquable quand ils sont excités.
Ce sont des courses poursuites avec des sauts multiples un peu bizarres et des sprints dans toutes les directions. On n’y voit pas très clair, mais on comprend que le mâle veut se positionner en dessous de la femelle.
Il n’y arrive pas tout de suite, loin de là, la dulcinée se laissant un peu désirer, comme de juste. On ne distingue pas l’accouplement, on voit seulement deux dauphins qui nagent ventre contre ventre.
Ces observations comportementales en pleine mer ne sont pas faciles à interpréter: on ne sait pas a priori qui fait quoi. Il faut pas mal d’occasions pour commencer à intuiter ce qui se passe sous la surface …
Les résultats de nos recherches en mer sont riches de perspectives, et très vite exploités pour donner des arguments à la protection, qui à cette époque ne s’applique pas aux eaux internationales. Pour mémoire, c’est à l’automne 1993, que le ministère de l’Environnement officialise son intention de protéger les cétacés en haute mer, grâce à un ‘sanctuaire’ international.