Eté 2014, les cétacés des Açores encore plus passionnants
Première semaine à Sao Miguel
La première semaine de notre prospection aux Açores se solde par quatre journées de beau temps (nuageux mais calme) et plus de 50 observations. Notre voilier, Anacaona, l’équipe et les équipements ont bien fonctionné.
Nous avons logiquement profité des deux semaines de formation octroyées à nos partenaires açoréens au mois de mai, et les cétacés sont là, bien sûr.
Nos 54 observations portent sur 7 espèces, avec bien sûr en premier lieu les dauphins Delphinus delphis et Stenella frontalis.
Les dauphins tachetés sont, paraît-il, arrivés il y a deux semaines, mais ils sont présents en grand nombre, un peu partout.
Ces dauphins sont pour le moment plus souvent présents à l’étrave, ce qui permet toujours un peu de détente pour les observateurs.
La plus grosse journée, celle de la boîte de la pointe Est, s’est soldée par 21 observations, ce qui doit bien être un record pour le GREC.
Et la journée la plus forte en diversité nous a rapporté 6 espèces, sur une boîte offshore au sud.
Avec à la clef une paire de mésoplodons, malheureusement (si l’on peut dire) de l’espèce que nous connaissons le mieux depuis la Polynésie, le Mésoplodon de Blainville.
Suite des prospections à Sao Miguel : Pseudorca
Anacaona continue ses zig-zags, avec à son bord une petite équipe de cétologues jeunes et moins jeunes. Nous choisissons de préférence des journées où il y a moins de 10 noeuds de vent pour parcourir l’océan voisin.
Nous avons prospecté nos boîtes de l’ouest et on a pu rencontrer un petit groupe de Pseudorques à deux reprises, en plus bien sûr de nombreux dauphins. Le premier jour, il y avait un peu de frustration, car les cétacés ne se sont pas approchés.
Mais le lendemain, après avoir stoppé le bateau, on a pu assister au manège des faux-orques (sûrement en quête de thons ?) et l’un des individus a daigné s’approcher sous l’eau à une dizaine de mètres, avant de souffler une fois un peu plus loin.
Le groupe était étalé et paraissait en traque, nageant doucement et soufflant rarement. Pas facile à analyser, même si l’hydrophone nous renseignait sur l’activité.
Après que nous soyons partis, nous avons observé que les faux-orques partaient en un sprint puissant dans une direction cohérente. Probablement la chasse en meute, pour ces loups des océans.
Les deux jours passés en mer nous ont permis de compléter notre prospection, avec pas mal d’observations de dauphins. Puis, le vent s’est remis à souffler un peu trop fort …
Cachalots : quelques centaines de tonnes de merveille
Pour beaucoup de cétologues et pour les dizaines de milliers de touristes qui viennent faire du whale watching aux Açores, les eaux de cet archipel riment avec Cachalot.
Même si nous ne les voyons pas toujours, nous les entendons presque systématiquement au cours de nos prospections autour de Sao Miguel, avec l’Université des Açores: l’antenne d’hydrophone les capte à 15 kilomètres.
L’autre jour, il faisait très beau et calme, et comme nous en avons fini avec notre programme imposé, nous avons choisi d’aller traquer le cachalot dans un site propice.
Après quelques heures nous avons aperçu un couple mère/bébé, qui avec le temps s’est transformé en un beau groupe maternel avec 8 adultes et ce bébé, et en plus un peu plus loin des juvéniles qui chassaient ou rejoignaient ce groupe au milieu de l’après-midi.
De notre côté, une légère brise nous permettaient de rester à quelque cent mètres du groupe sans bruit, ce qui donna l’opportunité d’observer et d’enregistrer le comportement de socialisation.
Il aurait fallu être bien difficile pour ne pas apprécier ce spectacle exceptionnel à sa juste valeur. Pour nous c’était un peu une récompense après pas mal de temps de prospection ou d’attente au port en ce mois de juillet 2014.
D’ailleurs, nous faisons bien de goûter ce moment car bientôt, le mythique anti-cyclone des Açores se transforme en une dépression des Açores bien réelle, ce qui consigne tout le monde au port pour une poignée de journées. C’est comme ça la vie …
Ziphiidés dans le groupe central
Anacaona dit enfin au revoir à l’île de Sao Miguel qu’elle a étudiée sous toutes les coutures cétologiques, avec l’Université des Açores. Direction: le Grupo Central, autrement dit les îles de Terceira, Sao Jorge, Pico et Faial.
Pour les cétologues, les Açores sont connues pour abriter régulièrement quatre espèces de ziphiidés, qui ne sont pas faciles à voir et n’attirent pas spécialement les touristes en raison de leur discrétion.
En arrivant sur Terceira, un Hyperoodon se signale à nous en exécutant une série de 5 sauts très aériens à 1500m du voilier, 1500m dans le vent et la houle. Moteur: teuf, teuf, pout, prout, euh, euh … Notre fidèle Dédé a cassé sa pompe à gasoil !
Ce sera grâce à la compétence du mécanicien Adriano Matias (muito obrigado) de la société Açornautica que notre moteur repartira, le lendemain à Terceira. Le temps de laisser passer 3 jours de sale temps (anticyclone tafiole !) et nous voici repartis.
Les Ziphius sont fidèles à la réputation du canal de Sao Jorge, côté Pico: deux groupes en deux jours. Avec du grand beau temps ! Notre regret de cette année: pas encore de Mesoplodon bidens, alors que les Blainville ont été observés en juillet.
Et les observations de l’année dernière ne nous ont pas permis de faire des photos de cette espèce pourtant régulière. Encore une journée de beau temps et … la chance nous sourit: alors que nous faisons une station d’écoute sur un cachalot qui vient de sonder, Nadège distingue quelques petits ailerons à 400 m à l’arrière !
Et oui, les voici avec leur long bec qui sort de l’eau à 40 degrés à chaque émersion: un groupe de trois Mésoplodons de Sowerby que nous réussissons à suivre à distance pendant 30 minutes. Enfin une belle observation de bidens.
Soleil, pluie, houle, vent, attente au port, longues journées à chercher, repas pris sur les genoux (et cuisinés simplement mais par tous les temps, pas vrai Odile ?), nuits bruyantes avec les amarres qui grincent: c’est la routine de cette prospection aux Açores.
Cette routine réserve toujours quelques bonnes surprises pour qui sait attendre …