Chérie, je rentrerai tard ce soir, j’ai attrapé une baleine …
A l’initiative de la Norvège inquiète de l’augmentation du phénomène, la commission baleinière internationale a instauré des groupes de travail afin d’étudier les réponses à apporter au problème de l’enchevêtrement des grands cétacés dans les filets de pêches et les débris marins. Trois colloques successifs en 2010, 2011 et 2015, ont ainsi balayé les problèmes, les solutions, les expériences passées et les leçons à en tirer.
Loin des vidéos idylliques montrant des baleines amicales et débonnaires attendant que les bons humains les délivrent, puis les remercient en faisant une démonstration de voltige, la plupart des interventions se déroulent par des météos pas optimales et avec des patients récalcitrants de 40 tonnes et plus.
Un accident mortel en 2003, en Nouvelle-Zélande, nous rappelle que s’approcher d’un animal sauvage stressé et acculé n’est pas sans danger. Sans compter la réaction des autres cétacés à proximité (mère, mâle suiveur, etc).
Depuis des décennies, les USA, le Canada, l’Australie et l’Afrique du Sud, ont mis en place des équipes spécialisées dédiées à ces sauvetages hors-normes. Les USA et le Canada, confrontés chaque année à une quarantaine de cas, réussissent dans 50% des cas à libérer plus ou moins partiellement les cétacés entravés. Les Australiens réussissent pour leur part entre 33 et 90% de leurs 15 interventions annuelles selon les régions ou les espèces concernées. Les Sud-Africains semblent plus efficaces: 70% de leurs tentatives sont partiellement réussies.
Ces quatre pays, dont les eaux côtières constituent les routes ancestrales de certains grands cétacés migrateurs (mégaptères, baleines franches et baleines grises principalement) disposent de moyens importants de localisation, de communication et d’intervention. Des réseaux d’informateurs permettent une mise en alerte rapide des intervenants. Des drones sont envoyés à la verticale de la baleine pour évaluer la situation. Des bouées satellitaires sont accrochées afin de retrouver le cétacé au cas ou il faille interrompre l’intervention en cas de météo défavorable ou de tombée de la nuit.
Les équipes sont dotées de navires d’intervention et de bateaux de soutien et équipées de couteaux montés sur de longues perches permettant d’assurer une relative sécurité aux intervenants.
Les différents colloques ont cherché à centraliser les expériences pour les partager avec les nations moins expérimentées. Ainsi, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Brésil, l’Argentine, le Royaume-Unis et quelques autres montent à leur tour des équipes, avec des moyens pour l’instant plus modestes.
Ces rencontres cherchent aussi des solutions pour éviter les enchevêtrements, notamment en répertoriant les différents modèles d’engins de pêches ou de filets anti-requins, en discutant avec les pêcheurs et en les informant sur les lieux et périodes à risques. La sédation et l’euthanasie des cétacés sont aussi évoquées lors de ces rencontres, cette dernière étant appliquée en fonction des circonstances et s ile diagnostic vital de la baleine est défavorable.
A l’instar de la Russie et du Japon , la France n’est pas représentée dans ces groupes de travail à dominante anglo-saxonne. Il est vrai que les baleines du golfe de Gascogne ont été déjà été exterminées depuis des siècles, et que les moyens financiers et la volonté manquent pour les rares cas signalés.
Gilles Boyer et cetaces.org
Références:
Report of First IWC Workshop on Large Whale Entanglement