Un peuplement divers … et certainement abondant

Pour faire écho à un article précédent sur le nord du golfe de Gascogne, voici un aperçu de la population de cétacés entre France et Angleterre, telle qu’elle est apparue lors de croisières estivales qui nous ont emmenés trois fois en Manche au départ de Cherbourg ou de Barneville-Carteret. Si en 2016, la présence de mes enfants à bord et ma méconnaissance de la Manche m’avaient fortement incité à me limiter à la visite de Guernesey, Sarcq et Aurigny, en 2024, un équipage aguerri nous avait menés jusqu’à Fowey (à l’ouest de Plymouth), et en 2025 notre périple s’est prolongé jusqu’aux îles Scilly.

Ces excursions lointaines pour un Méditerranéen ont été faites à des fins de loisir et les observations cétologiques sont des rencontres fortuites réalisées en dehors de tout protocole scientifique. Les journées passées en mer n’étaient pas toujours optimales pour rencontrer les cétacés. Seul un ou deux observateurs scrutaient passionnément la mer, et un seul remplissait les fiches d’observations et prenait les photos (moi-même). C’est pourquoi la tablette PADOC et l’hydrophone sont restés sagement au fond du garage.

Au total 70 observations de cétacés ont été faites, dont trois depuis la terre ferme et deux au mouillage.

Les Dauphins communs représentent les trois quarts des observations (50), suivis par les Marsouins (9), les Grands dauphins (6), les Rorquals de Minke (3) et les Dauphins de Risso (2). Voici quelques premiers constats, qui demandent à être creusés :

– La fréquence des rencontres avec les cétacés est plus grande au nord de la Manche qu’au sud. Les abords des côtes françaises et anglo-normandes ne nous ont permis que des rencontres avec les Tursiops (5) et deux fois avec les Dauphins communs. A contrario, un seul groupe de Tursiops a été croisé côté britannique.

– La présence de Dauphins communs avec une coloration mélanique reste anecdotique (un seul cas avéré) contrairement au golfe de Gascogne et aux Açores, où cette coloration de ‘bastardis’ semble plus fréquente.

– La relative abondance des Dauphins de Risso par rapport à la Méditerranée : 2024 et 2025 sont des bonnes années pour eux avec l’invasion récente de la Manche par des poulpes mangeur de coquillage. La rencontre d’un groupe avec deux nourrissons et un juvénile, au minimum, semble confirmer cette tendance.

– Coté anglais, les dauphins et baleines sont très proches des côtes, et peuvent être facilement observés depuis la terre.

Pour les ornithos, si le Sud est dominé par les Fous de Bassans, ils doivent partager le territoire au Nord avec des nuées de Puffins des Anglais. Quatre espèces de Goélands (Argenté, Brun, Marin et Leucophée), des Mouettes mélanocéphales, des Guillemots de Troïl, des Fulmars, des Pingouins tordas, des Grands cormorans, des Cormorans huppés et des Macareux ont été également observés. Sur les plages, moult Huîtriers pie sont mêlés à moult bécasseaux.

Puffin des Anglais

Pour conclure, la Manche reste pour moi une bonne consolation après des campagnes océaniques personnellement décevantes (une seule réussie en quatre tentatives). Il me reste encore à explorer l’Est de la Manche et les côtes nord de la Bretagne pour avoir une vue d’ensemble du peuplement de la Manche en été.

A voir dans les prochaines années.

Gilles et cetaces.org

Réponse à la question de la page d’accueil : un jeune Guillemot de Troïl.