Du vent, de la houle, de la pluie et … un bébé Rorqual
La deuxième semaine de notre prospection ‘Bélouga’ s’est vue gratifiée par une météo s’empirant jour après jour jusqu’à nous obliger à garder le mouillage tout un vendredi. Mais avant ce vendredi, cinq journées ont été occupées à étudier les cétacés jusqu’à 20 milles au large.
La première semaine ayant livré son content de cachalot et dauphins, nous décidons de porter notre attention plus au large, au pays des rorquals, malgré la mer assez houleuse. Bien nous en prend, car arrivés dans la zone frontale ligure nous ne tardons pas à détecter un grand souffle, suivi de plusieurs autres : nous nous trouvons en présence de 3 à 4 Rorquals communs, étalés sur plusieurs kilomètres.
Un coup de jumelles nous apprend bientôt que deux baleines nagent très serrées, et même que l’une d’entre elles souffle moins haut : nous nous trouvons en présence d’un couple mère/nourrisson. Ce n’est pas étonnant à cette époque car la femelle Rorqual met bas en hiver, et le sevrage a lieu six mois plus tard à peu près.
Pendant ces six mois, la maman perd une dizaine de tonnes de lard pendant que son nourrisson atteint la taille de 12 mètres environ (il mesure 5 à 6 mètres à la naissance) : pas étonnant que la mère ait besoin de plusieurs années pour récupérer de sa gestation et de l’allaitement qui suit. D’ailleurs nous remarquons, dès que nous pouvons l’observer plus précisément, que la mère est amaigrie alors que son bébé est replet à souhait.
Alors que nous avons stoppé le voilier pour étudier le comportement du couple de baleines à une distance de 250 mètres, mesurer les sondes, compter les souffles, observer les déplacements (les rorquals sondent en demeurant sur place, en gros), nous avons la surprise de les voir faire demi-tour et se diriger vers nous … vont-elles nous saluer ou est-ce un pur hasard de leur déplacement ?
Les 30 secondes qui suivent sont magiques car nous réalisons que peut-être nous allons voir passer les baleines tout près de nous, et du bon côté du soleil, et en montrant leur côté droit, celui de la pigmentation ‘identifiante’ … et c’est ce qui se produit ! Médusés, nous regardons passer les majestueux cétacés à 15 mètres du bateau … le juvénile hasarde même un coup d’oeil rapide au-dessus de la surface !
Nous mesurons notre chance d’une telle rencontre dans une mer fort encombrée par d’autres occupants – souhaitons à tous, cargos, corvettes, paquebots, navettes, avisos, vedettes, de leur laisser leur espace vital dans la grande Bleue !
Odile et cetaces.org