Dauphins d’Azur : à leur poste !

Stenella y es-tu ? Entends-tu ? Que fais-tu ?

Du 30 avril au 04 mai, nous mettons à profit une période de temps calme pour effectuer une série de prospections locales en région azuréenne. Objectif de cette étude, vérifier si les dauphins bleus et blancs de la région sont fidèles à leurs habitudes et viennent vers la côte pour se nourrir pendant la nuit. Notre matériel : le canot à moteur Wanaka, un hydrophone (pour préciser l’activité des dauphins), et une tablette avec l’appli PADOC, dans sa toute dernière préversion que nous testons en mer pour la première fois.

Comportement inhabituel au soir du 3 mai : déplacement constant très rapide avec marsouinage incessant et sous-groupes se suivant en file indienne…

Les deux premières soirées se passent sans événement remarquable : présence effective de Stenella en petits groupes, et aussi d’un cachalot, un peu plus au large. Tout ce petit monde satisfait à ses besoins alimentaires, avec force écholocalisation. Le soir du 3 mai pourtant, une observation nous laisse dans l’expectative. Alors que nous attendions au bord du canyon des Anges, au sud-est du Cap d’Antibes, un groupe très nombreux de dauphins surgit du lointain avec des sauts groupés innombrables, nous croisant avec indifférence et se déplaçant en direction du sud-ouest à grande vitesse (un peu plus de 8 nœuds constants… c’est beaucoup !) : voilà qui n’est pas banal pour des Stenella méditerranéens. On voit des adultes, des subadultes, des juvéniles… tout ça étalé sur un kilomètre environ, en ligne.

S’agit-il d’une fuite éperdue ? Mais une fuite devant quel danger ? Les sons entendus à l’hydrophone sont multiples et divers : pas de réponse claire de ce côté.

Bien entendu, nous décidons de suivre à distance les dauphins (en respectant le code de bonne conduite de PELAGOS), pour tenter d’élucider le mystère. Après plus d’une demi-heure, les dauphins tournent à droite (sans mettre leur clignotant, bien sûr !) et entrent dans la canyon de la Napoule sans hésiter.

Une fois au large de St-Honorat, les animaux se détendent et commencent à s’intéresser à nous : quelques subadultes rejoignent Wanaka en sifflant à tue-tête

Ils ont commencé à effectuer des sondes en petits sous-groupes et en se dispersant. L’hydrophone nous signale une activité d’écholocalisation importante : les Stenella sont à table…

Dès les îles de Lérins passées, virage plein nord pour embouquer le canyon de la Napoule… les dauphins sont en cours de dispersion… et certains sont curieux !

Le début de nuit confirme le diagnostic : le grand groupe de dauphins bleus et blancs a investi le site, jusqu’à des profondeurs assez faibles, et pratique son activité nocturne préférée, manger.

Nuit tombante dans le canyon de la Napoule : les Stenella azuréens sont passés à table !

Ainsi donc, selon toute vraisemblance, la scène à laquelle nous venons d’assister peut se résumer en une phrase : ‘Eh, les copains… ça vous dirait de changer de resto, ce soir ?’

Alexandre et cetaces.org