Les évolutions du peuplement de cétacés azuréens

Une conférence organisée par SOS Grand Bleu à St-Jean-Cap-Ferrat

Ce vendredi 22 avril, SOS Grand Bleu organisait à St-Jean Cap-Ferrat une conférence passionnante : ‘Les changements du peuplement de cétacés au large de la Côte d’Azur’. C’est devant une audience de qualité que l’auteur de ces lignes a pu développer son exposé scientifique et répondre aux interrogations suscitées par un sujet difficile, mais captivant.

L’auditorium Charlie Chaplin, sur le port de St-Jean-Cap-Ferrat, offre un cadre idéal pour les conférences sur la mer

Il avait fallu auparavant faire parler les données de prospection du Groupe de Recherche sur les Cétacés : pas moins de 20 000 km de prospection répartis sur 32 années, avec 821 observations de 7 espèces (eh oui … pas de Dauphin commun dans la région, du moins dans nos fichiers). Au milieu de pas mal d’incertitudes, car le tableau reste un puzzle aux nombreuses pièces manquantes, une conclusion s’est dégagée : le peuplement azuréen de cétacés a changé.

Pas de données … pas d’analyses, c’est le premier principe de la cétologie. Avec ce sujet, le GREC a pu faire parler sa base de données exclusive.

Deux espèces ont quasiment disparu ou se sont raréfiées : le Dauphin de Risso et le Rorqual commun … et deux autres espèces sont (ré)apparues ou sont (re)devenues communes : le Cachalot et le Grand dauphin.

33 années et 821 observations résumées en deux camemberts : en jaune, le Grampus, en marron, le Cachalot, en bleu foncé le Rorqual commun, et en vert, le Tursiops. Un camembert a aussi été produit pour 2001-2006, il confirme l’évolution.

Pourquoi ? … c’est une autre histoire, peuplée d’hypothèses et de mystères : en effet, pour comprendre les changements d’un écosystème marin, les données de prospection cétologique ne sont qu’un élément. L’enquête est loin d’être terminée, mais on peut avancer deux pistes sérieuses, dans un paysage dominé par le réchauffement global, puissamment ressenti en Méditerranée.

Cachalot, le retour : aujourd’hui commune, cette espèce était rare il y a 30 ans.

D’une part, le retour du Cachalot suit logiquement la catastrophe des filets dérivants des années 70 et 80, que cette espèce avait subie fortement avec une mortalité touchant des centaines d’individus.

Ce n’est qu’un ‘au revoir’ ? … Le Grampus devient rare dans la région azuréenne, alors qu’il était commun il y a 30 ans.

D’autre part, l’emprise humaine rapidement croissante sur les 15 kilomètres les plus côtiers (trafic de plaisance motorisée, bruit, …) a forcément un effet sur les espèces qui fréquentent le plus ce milieu proche : le Grand dauphin et le Dauphin bleu et blanc, ainsi que le Dauphin de Risso.

Les Tursiops sont désormais des habitués de la région azuréenne.

Hélas, au milieu de conjectures plus ou moins robustes, des pièces essentielles font défaut comme par exemple celles concernant le régime alimentaire des odontocètes qui fréquentent ou fréquentaient la région azuréenne.

Un dauphin bleu et blanc … Inquiétude pour l’espèce-phare de la région azuréenne qui semble délaisser de plus en plus le domaine côtier …

En tout cas, encouragés par ce premier succès, SOS Grand Bleu et le Groupe de Recherche sur les Cétacés oeuvreront à nouveau ensemble pour proposer d’autres sujets passionnants de réflexion et de débat sur les cétacés.

Alexandre et cetaces.org