Dauphins trucidés aux Féroé : la brutalité gratuite est-elle traditionnelle ?

L’être humain dans ses œuvres… âmes sensibles s’abstenir !

On ne parle pas beaucoup des îles Féroé, mais quand ça arrive, c’est souvent mauvais signe : l’archipel est fréquemment pointé du doigt en raison du Grindadráp. Cette chasse aux dauphins perdure depuis plusieurs siècles, et était initialement destinée à fournir de la nourriture aux habitants de ces îles danoises situées au nord de l’Écosse. Les cétacés les plus souvent chassés sont des petits groupes de globicéphales noirs, qui étaient auparavant encerclés par des petites embarcations de pêche, puis rabattus vers les plages où ils étaient tués et exploités par les communautés locales.

Globicéphale noir - GREC
Globicéphale noir et son nourrisson, ici bien vivants et pas chassés !

Cette pratique, qui était compréhensible il y a quelques siècles, s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui, car considérée comme culturelle et traditionnelle par une partie des Féroïens. Problème : la « tradition » a troqué ses barques et ses moyens de communication archaïques par des vedettes rapides, des jetskis et des téléphones portables… et s’apparente donc progressivement davantage à de la cruauté moyenâgeuse qu’à une cérémonie traditionnelle (d’autant plus que les Féroé sont aujourd’hui économiquement prospères, et que leur ministère de la santé déconseille la consommation de globicéphales en raison de taux élevés en métaux lourds et organochlorés !).
Nous voyons parfois ce genre de choses dans des pays ou des cultures lointaines, mais cela surprend un peu plus dans le cas présent : l’archipel danois n’est pas à l’autre bout du monde, il est à 1300 km de la France.. c’est plus court que Brest-Menton par l’autoroute !

Des lagénorhynques à flancs blancs de l’Atlantique à qui la visite des Féroé n’a pas réussi
(Photo Twitter Sea Shepherd Féroé)

La dernière chasse en date a eu lieu ce dimanche et ressemble plutôt à un massacre : c’est un groupe de plus de 1400 (!) lagénorhynques à flancs blancs de l’Atlantique qui a été rabattu puis abattu. A l’heure où chaque gouvernement, chaque congrès, rivalise de déclarations vertes et bleues, cela constituerait le « Grind » le plus important depuis au moins 400 ans… rien que ça.

Une petite partie des 1428 lagénorhynques chassés ce dimanche… combien seront gaspillés ?
(Photo Sea Shepherd Féroé)

Au contraire des grandes baleines qui sont mondialement protégées de façon un petit peu formelle par la Commission Baleinière Internationale, les petits cétacés ne sont pas concernés par cette convention, et leur protection dépend donc des règlements locaux ou régionaux (directives de l’Union Européenne par exemple). Or les Féroé, bien que territoire danois, sont considérées comme un archipel autonome et sont, au contraire du Danemark, restées en dehors de l’UE… et hors de portée de la plupart de ses lois. Ce qui leur permet de tuer légalement des animaux qui « appartiennent » pourtant presque autant à leurs voisins européens.

On arrose pour que ça pousse, sûrement.
(Photo Bjarnir/Kvf – Twitter Blue Planet Society)

L’engagement citoyen pourrait, par contre, peut-être avoir une petite efficacité. Le massacre de lagénorhynques du 12 septembre fait de plus en plus parler de lui, et la grande presse généraliste anglosaxonne puis française est en train de prendre le relais des militants : les appels à boycotts, pétitions, demandes de mesures politiques, se multiplient. On aimerait croire que ça aura un effet positif. On verra. En tout cas, vous savez déjà où ne pas aller en vacances.


Adrien et cetaces.org