Prospection Méditerranée 2025 : premier bilan

Un mois de juin très ‘cliquant’

Ces trois semaines d’étude des cétacés nous ont permis d’observer une zone azuréenne en surchauffe (4°C d’excédent par rapport à la moyenne), mais comme nous n’avons pas l’habitude de beaucoup prospecter au mois de juin, il n’est pas possible d’oser d’éventuelles hypothèses sur l’effet de ce réchauffement.

Une petite ‘statistique’ de nos observations de juin

Nous avons collecté 37 observations sur 4 espèces : pas énorme, mais il est vrai que nous nous sommes cantonnés à la zone des 20 milles au large de la façade azuréenne… et que nous avons choisi de troquer le nombre de milles parcourus contre de meilleures études comportementales.

Très affairés, les dauphins bleus et blancs sont rarement venus à l’étrave… où ils étaient pourtant attendus, PADOC en mains !

Les Dauphins bleus et blancs étaient là dans une proportion moindre qu’attendue, 59% des observations, et le Cachalot a été souvent rencontré (27% des obs.). De plus, nous n’avons vu aucun Stenella en zone côtière (moins de 3 milles des côtes) : ils étaient majoritairement plus au large, d’ailleurs en groupes assez importants (44 individus par groupe en moyenne).

La même, mais établi pour la zone azuréenne, période 2004-2020

Nous avons profité de la fréquence des cachalots pour étudier leur activité, un sport que nous aimons pratiquer depuis longtemps. Cette étude de l’activité passe par une écoute des sons qu’ils émettent durant leur sonde : les clics de recherche des proies, et les kriks de capture de ces proies. Une fois ces données collectées, et mixées avec une dizaine d’autres variables, cela peut donner une très intéressante étude d’écologie alimentaire. A condition d’avoir une belle ‘masse’ de données !

Soirée studieuse à bord pour ‘restituer’ les données d’observations de cachalot

Nous avions effectué une telle étude il y a une vingtaine d’années (publi de 2004), les résultats étaient intéressants… cela valait une prolongation (publi de 2012). Mais c’était au début des années 2000, et avec le réchauffement climatique, fort en Méditerranée, on a l’impression que l’alimentation des cachalots de PELAGOS a changé. Enfin, plus que l’impression… nos données acquises depuis 2015 le suggèrent.

1993 : le cachalot Pm093091 est ‘presque photo-identifié’ et… il était enregistré

Cela me rappelle nos débuts en acoustique du cachalot, en 1992… nous n’avions alors qu’un hydrophone simple, et un ‘walkman’ à bande magnétique ! La qualité ne cassait pas des briques, mais déjà on s’intéressait aux ‘kriks’, et on avait intuité qu’il s’agissait d’événements de captures… ce qui fut prouvé bien plus tard par les ‘zaméricains’ et leurs super D-Tags.

Un extrait de la sonde de Pm093091… enregistré il y a 32 ans !

Trente-trois ans après, on s’intéresse toujours au sujet, avec des moyens techniques qui ont bien progressé et une méthode un peu plus spécifique que celle de ‘vil coyote‘ (référence d’un classique) puisqu’elle inclut la photo-identification des cachalots et le suivi de plusieurs sondes consécutives. Avec un suivi fin du comportement de surface grâce à PADOC.

Ici filmé entre deux enregistrements au large d’Antibes, Ruby Pm111051 chasse-t-il pareil en 2025 qu’en 2011 ou 2012 ?

Le suivi historique de la situation des cétacés dans le sanctuaire PELAGOS, à différents points de vue, est un sujet qui pourrait être cultivé au Groupe de Recherche sur les Cétacés, puisque les données cohérentes existent depuis 1988 (donc avant la fondation formelle du GREC, en 1991).
Évidemment, pour cela il faut du temps, nous n’en avons guère en ce moment, et de l’expertise humaine : celle-ci s’élabore peu à peu. C’était d’ailleurs l’objet des stages de Niveau 2 qui se sont déroulés durant ces trois semaines, éprouvantes à cause de la chaleur…
…mais riches en clics !

Alexandre et cetaces.org