A-t-on ‘sauvé’ les dauphins ?
Mise à jour du 08 février 2025
Comme prédit dans notre article ci-dessous, le nombre d’échouages de petits dauphins a explosé (209 cas) durant la 1ère quinzaine englobant la fermeture temporaire. Simple effet météo, facile à anticiper donc.

On attend les titres des grands communicants de ce monde … !
Un problème loin d’être réglé (article tel que publié le 02 février)
Face à une situation dramatique pour des milliers de dauphins, le monde de la pêche est soumis à des mesures restrictives durant un mois, dans le golfe de Gascogne : le gouvernement communique largement sur l’ensemble des moyens mis en oeuvre pour diminuer les captures. On peut donc par exemple chaque quinzaine l’évolution des ‘échouages’ de cétacés dans la région.
Rappelons que faute de signalements fiables issus du monde de la pêche, les échouages sont le moyen indirect pour mesurer la ‘température’ au niveau des captures accidentelles. Ainsi, 97 cétacés ont été signalés du 1er décembre 2024 au 15 janvier 2025, dont 87% de dauphins communs et petits dauphins non identifiés. Une proportion d’entre eux est examinée par un personnel compétent du Réseau National Echouages, ce qui permet le diagnostic d’une capture éventuelle.
Déterminer une statistique annuelle de captures à partir des échouages n’est pas un sport de masse : des scientifiques spécialisés du centre Pelagis de La Rochelle sont chargés de cette tâche.
Ce serait une erreur d’utiliser les statistiques bi-hebdomadaires publiées par les services gouvernementaux pour déclarer que ‘le péril s’est aggravé pour les dauphins’ ou bien que ‘nous avons sauvé les dauphins’. Car pour qu’il y ait des échouages de dauphins capturés il faut deux conditions : (1) des captures dans les engins de pêche, et (2) des conditions de vent et de courant qui transportent les cadavres jusqu’au rivage. La première condition implique la présence au même endroit de dauphins ET d’engins de pêche ‘à risque’.
Ainsi la période du 15 au 21 janvier (juste avant la fermeture temporaire) voit-elle une activité intense dans le golfe de Gascogne (plus de 200 unités en moyenne) … mais très probablement un nombre d’échouages minimal, car cette semaine-là le vent est en majorité de secteur Est, donc portant vers le large.
Au contraire, la semaine suivante (celle du début de la fermeture) voit une très faible activité de pêche, donc très peu de captures. Va-t-on observer une baisse drastique des échouages ?
Non, car une tempête a balayé le golfe de Gascogne ; il y a probablement eu davantage d’échouages que la semaine précédente, car plusieurs journées de vent fort ont poussé les cadavres vers le rivage, en particulier des cétacés morts depuis une semaine qui flottaient encore en surface. Ce phénomène de déphasage entre les captures et les échouements doit être restitué par le modèle de prévision permettant d’évaluer la mortalité à partir du proxy ‘échouages’, le plus fidèlement possible.
Cet exemple illustre qu’il faut se garder de communications émotionnelles au simple vu de statistiques momentanées d’échouages, et surtout qu’il demeure nécessaire de faire appliquer la loi rendant obligatoire la déclaration des captures par les pêcheurs. Une action qui relève des prérogatives de l’Etat (article 4 du décret du 1er juillet 2011 modifié).
Alexandre et cetaces.org