Moratoire baleinier : bilan, 55 000 tuées

Malgré le moratoire, les chasses continuent

Il faut avoir un certain âge pour se souvenir de la joie procurée par l’annonce en 1982 du moratoire sur la chasse commerciale à la baleine, devenu effectif en 1986. On est donc chaque année content de voir que les partisans d’une reprise de la chasse n’ont pas obtenu la majorité des 2/3 requise pour inverser cette décision, à la Commission Baleinière Internationale.

Rorqual 1987 Islande
Pour certains pays baleiniers, la chasse n’a jamais cessé (ici Islande, 1987). Elle a même repris grâce au ‘droit d’objection’ admis par la CBI.

Toutefois, depuis 1986, 25 862 baleines (Rorqual Minke, de Bryde, ou commun) ont été tuées par des pays ayant objecté au moratoire, mais restés membres de la CBI quand même: il s’agit de la Norvège, rejointe en 2006 par l’Islande.

Il est quand même curieux que des touristes choisissent ces deux pays comme destination de ‘whale-watching’.

Ce Rorqual commun a été tué par l’Islande en 1987, sous un permis spécial. Les Japonais sont quand même à la découpe.

Autre classe de chasse, autorisée par le CBI celle-ci, la chasse pour subsistance aborigène: ces peuples de l’Arctique (essentiellement) doivent bien se porter car ils ont consommé au moins 10 832 baleines depuis 1986 (B. du Groenland, grise, Minke, ou à bosse, essentiellement.

Si la cause des peuples autochtones ne nous laisse pas indifférents, on peut s’étonner des quotas quasi-industriels qui leur sont octroyés année après année: depuis 1986, 1592 Baleines du Groenland pour l’Alaska américain, 4951 Minke groenlandais, ou 3787 Baleines grises pour les Tchouktches russes, par exemple. N’y aurait-il pas quelque activité commerciale sous-jacente à cette ‘chasse culturelle’ ?

Le Groenland n’a jamais cessé de chasser le Rorqual commun, avec un permis de ‘subsistance aborigène’.

Enfin, la plus décriée des chasses pratiquées, la chasse scientifique, s’est octroyée une hécatombe de 17 243 baleines (Minke et Sei, pour l’essentiel), son champion toutes catégories étant bien sûr le Japon. L’Islande et la Norvège (richissime pays pétrolier qui mange à tous les râteliers) profitent parfois de cette modalité.

J’ai ouï dire que certains touristes ont leur moment de gloire en se vantant d’avoir goûté de la viande de baleine ou de dauphin dans un restaurant de Tokyo ou d’ailleurs. Espérons au moins que la digestion de leur steak aura été difficile.

Rorqual boréal ECS
Officiellement, 1429 Rorquals boréaux ou Sei sont tombés sous le harpon japonais ou islandais pour des raisons ‘scientifiques’.

De 1986 à 2016, 53 937 baleines sont ainsi passées de vie à trépas en perpétuant les pratiques de chasse, qui il est vrai ont fait des millions de victimes dans le passé.

Le moratoire est tout relatif, donc.

Souffle rorqual
Protégé par un moratoire tout relatif, ce Rorqual de Méditerranée souffle entre deux sondes de chasse.

Mais prenons garde qu’avec l’avènement de l’anthropocène, ère de l’exploitation sans borne de toutes les ressources de la planète, ce moratoire ‘à trous’ ne soit renversé à la faveur d’un vote fatal.

Car les droits à la vie des baleines sont pas inscrits dans le marbre.

Alexandre et cetaces.org

Note: les chiffres ci-dessus sont extraits de tableaux de la CBI.